L'étage du Lutétien s'est formé il y a 49 millions d'années, juste après la formation de la chaîne pyrénéenne, par trois cycles d'immersion-émersion des mers du nord dans le bassin parisien.

Le Lutétien Inférieur

Le premier cycle débute par une immersion. Les premiers sédiments lutétiens commencent à se déposer sur les sables cuisiens (étage précédent) : le socle lutétien est composé de sables grossiers contenant parfois des galets de silex et de grès ainsi que des fossiles. Ces sables sont verts car ils renferment de la glauconie, sorte d'argile verte caractéristique des fonds marins agités. Il s'agit de la glauconie grossière. Cette mer peu profonde, chaude et bien oxygénée permet un développement important de la faune. Ainsi, on retrouve des restes de poissons tropicaux, de crocodiles, requins, mais aussi, oursins, bivalves (huîtres), polypiers et Nummulites.


La mer au début du Lutétien inférieur (-49 MA)

Le recouvrement de la glauconie grossière par des sables de plus en plus fins marque l'arrivée d'une mer moins agitée et plus profonde. A ce stade, la faune évolue pour laisser place aux Nummulites (Nummulite laevigatus), véritable représentant des calcaires du Lutétien inférieur ; c'est la formation du calcaire à Nummulites ou "banc à liards". A cette période, les régions de Noyon et Laon sont déjà sous les eaux et le rivage longe l'anticlinal du Laonnois, le flanc nord de l'anticlinal de Margny-les-Compiègne pour former un golfe atteignant Senlis. L'anticlinal de la Chapelle-en-Vexin forme alors un île.

Des anticlinaux désignent des reliefs créés lors de chocs entre deux plaques tectoniques. En l'occurrence, les anticlinaux du bassin parisien sont issus du choc de la plaque européenne avec la plaque ibérique lors de la création de la chaîne pyrénéenne.

 


La mer avant son retrait (fin du Lutétien inférieur -48 MA)

La montée des eaux va être telle que l'île du Vexin sera submergée. La profondeur de la mer avoisine maintenant les 50 mètres et de nombreux coquillages et algues vont s'accumuler au fond pour former les "faluns". Parallèlement, deux nouvelles espèces vont apparaître : Nummulite Variolarius et Ditrupa Strangulata. La première est un foraminifère ressemblant à une pièce de monnaie. Nummulite est le fossile caractéristique paléogène et du Lutétien inférieur. Il s'est accumulé pour formé un banc de 2 mètres d'épaisseur, la "pierre à liard" (le liard étant une monnaie au Moyen-Age).
La seconde est un vers fouisseur, enterré dans les vases d'un mer peu profonde. En fait, Diuptra succéderaà Nummulite, lorsque la mer commencera à partir du bassin parisien (Lutétien moyen). Ditrupa est à l'origine du "calcaire à Ditrupa" ou "banc de Saint-Leu" (au niveau de la commune de Saint-Leu-d'Esserent, près de Creil) qui servira à la construction des bâtiments de la renaissance et des immeubles haussmanniens.

 

Qu'est-ce que le Lutétien ?
Le Lutétien Inférieur
Le Lutétien Moyen
Le Lutétien Supérieur
Les minéraux des couches Lutétiennes
Faunes et flore du Lutétien