Les abris antiatomiques :
Avec la fin de la guerre, les abris de défense passive tombent pour la plupart dans l'oubli et l'indifférence générale, l'attention et les crédits étant attribués à la reconstruction du pays, une fois de plus. En carrière, seuls les bunkers du Sénat seront réhabilités. Ceux de la place Denfert-Rochereau seront laissés à l'abandon avant d'être réhabilités quelques dizaines d'années plus tard dans le courant des années 90.
Cela étant, le 6 août 1945, la première bombe atomique explose dans le cadre d'un conflit armé entre deux nations. A partir de cette date, la course au nucléaire s'engage. En 1949, l'URSS fait exploser sa première bombe atomique. En 1952, les Etats-Unis mettent au point la première bombe H à fusion, beaucoup plus destructrice. La France lance son programme d'armement nucléaire le 26 décembre 1954 ; en 1960, la première bombe atomique française explose dans le sahara algérien, sur la base de Reggane et il faudra attendre 8 ans pour l'explosion de la première bombe H française. En 1954, un seul engin possède 750 fois la puissance destructrice de la bombe d’Hiroshima et, en 1961, c’est 2 850 fois cette puissance ! Une nouvelle menace se profile, notamment avec les tensions entre les deux blocs, américains d'un côté, soviétiques de l'autre. Dès 1958, un accord est signé entre les nations qui possèdent l'arme nucléaire de cesser les essais (Etats-Unis, URSS et Grande-Bretagne). Cet accord ne sera pas ratifié par la France, le Général de Gaulle souhaitant doter la France d'une force de dissuasion afin d'obtenir son indépendance militaire (n'oublions pas que la France sort de l'OTAN en 1966). L'opposition internationale vient de toute part, notamment de la politique étrangère américaine qui craint la prolifération des armes nucléaires, des pays africains voisins de la zone de test de Reggane qui craignent, à juste titre, les retombées radioactives polluantes et des pays du pacifiques ( à partir de 1966). |
![]() Tour métallique où était perchée la bombe lors des premiers essais nucléaires français à Reggane (Algérie, opération "Gerboise bleue" - 1960) |
Dans ce contexte extrêmement tendu, les craintes d'un conflit nucléaire global sont grandissantes, d'autant que malgré plusieurs traités de non prolifération d'armes nucléaires, d'autres pays, après la France, s'armeront de l'arme nucléaire (Chine, Inde et Pakistan).
Malgré tout, le volet défensif du programme d'armement nucléaire français est quasiment inexistant ! Faute de moyens ou par excès d'optimissme à l'égard de notre future force de dissuasion ? Cela étant, lorsque les premiers abris antiatomiques, dessinés en 1954, voient le jour, ils sont rudimentaires et le cahier des charges fixe alors un objectif, pour le moins, limité : résister à une bombe de 10 kilotonnes seulement et permettre de tenir 15 jours sans contacts avec l'extérieur.
Pour information, les deux bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki faisait chacune 20 kt. L'arsenal nucléaire français actuel comporte des bombes dont la puissance varie de 150 kt à 9,6 Mt, soit 15 à 960 fois ce que devait endurer le premier abri antiatomique. La plus puissante bombe nucléaire a été assemblée par l'URSS en 1961 ; elle faisait 57 Mt !
Ces abris sont destinés quasi-exclusivement aux instances dirigeantes du pays, ainsi qu'aux Etats-Majors et aux entreprises d'état. C'est ainsi qu'à Paris intra-muros, on ne dénombre que 7 de ces abris, dont 1 dans les anciennes carrières. Il s'agit de l'abri antiatomique du Laboratoire Central des ponts et Chaussées, boulevard Lefèbvre.
![]() Une des salles de l'abri antiatomique sous le bvd Lefèbvre |
Construit
en 1963 dans
d'anciennes carrières exploitées par piliés tournés,
cet abri peut accueillir jusqu'à 300 personnes. Totalement isolé de
l'extérieur (y comprit des carrières), il était
destiné à abriter le ministre des transports, responsable
des communications routières et ferroviaires. L'abri disposait
d'un central téléphonique, de sanitaires, d'un groupe électrogène
et d'un système de ventilation très rudimentaire ! Le
site, classé secret défense jusqu'en 1982, est
aujourd'hui abandonné, laissé aux mains des cataphiles, dont certains,
particulièrement indélicats ont tout saccagé...
C'est malheureusement le seul témoin de la Guerre Froide au sein
des carrières de Paris qui a été vandalisé au
nom de je ne sais quelle querelle cataphile.
Tout simplement scandaleux ! |
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abris antiatomiques
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