Les abris de protection civile :

          Les plus anciens abris enterrés sont certainement ceux que l'on nomme communément les souterrains refuges. Ils ont toujours la même topologie, à savoir un boyau étroit débouchant sur une salle terminale de petite taille. Leur structure a beaucoup évolué avec le temps pour aboutir aux abris contemporains en béton armé.
    Dans Paris même, il existe très peu de ces souterrains, pourtant largement représentés dans nos provinces. Cela s'explique par le sous-minage important de la région, les anciennes exploitations ainsi que les inombrables confortations ayant certainement fait disparaitre les représentants de ce type de souterrains. Cela dit, les carrières de Passy, dans le XVIe arrondissement abritaient deux souterrains refuges. Initialement considérés comme des restes d'exploitation, l'étude attentive de la topologie de lieux a permis de les identifier.


Plan du souterrain refuge de la rue Raynouard (Source : A la découverte des souterrains de Paris)

   Le premier se situe sous les immeubles du 22 rue Raynouard et du 4 rue Chernoviz ; il est actuellement comblé. Il se compose d'une entrée voûtée, d'une galerie de 27 m de long sur 1,20 m de large orientée nord-ouest / sud-est et bordée sur le côté d'une suite de salles dont les plus importantes se trouvent aux extrémités. D'après le relevé topographique, il semblerait que le seul aménagement intérieur consiste en une niche caractéristique de ce type de souterrain pouvant servir soit de placard, soit d'emplacemnt pour l'effigie d'une vièrge protectrice. Seules trois salles sur les six possèdent cet aménagement. Autre point caractéristique de ce genre de souterrain, les parrois qui séparent les quatre cellules : il s'agit de fins murs de masse réservée.

   La structure de ce souterrain rappelle celle des souterrains du début du 17e siècle. Les dimenssions réduite et l'habituelle disposition en cellules, généralement familiales, laissent à penser qu'il s'agissait d'un souterrain destiné aux habitants d'un hameau ou d'une grande propriété, mais aucune certitude n'est établie quant à la destination de ce souterrain refuge.

   

Plan du souterrain de la rue Berton (Source : A la découverte des souterrains de Paris)

 

   Le second se situe sous le 17 de la rue Berton dans l'enceinte de l'actuelle ambassade de Turquie. Il se compose d'une galerie d'une cinquantaine de mètres creusée dans la masse. Cette galerie se sépare ensuite en trois galeries d'une trentaine de mètres chacune, aboutissant à une salle maçonnée. Aujourd'hui, ces chambres sont équipées de citernes servant à recueillir les eaux de la nappe supérieure de l'argile plastique constituant le sous sol de la zone.

   Construit au 18e siècle sur le terrain de la princesse de Lamballe, il était vraisemblablement destiné à la protéger lors des troubles de la Révolution Française. Malheureusement, l'histoire nous laisse le goût amer de son effroyable mort et ce souterrain n'aura été d'aucune aide à la malheureuse... Parmi les plus anciens habitants du quartier, certains racontent que ce souterrain a servi à les protéger lors des bombardements de la Première Guerre Mondiale.

 

          Les souterrains refuges avaient pour fonction d'abriter un groupe de manière autonome pendant quelques jours. A cela s'ajoutait une autre contrainte : il devait également permettre à ses occupants de pouvoir se défendre en cas d'agression. Lors des deux dernières Guerres Mondiales, les données étaient autres : il s'agissait de pouvoir s'abriter le temps de quelques heures au maximum afin de se prémunir des bombardements. Les abris ne devaient plus répondre aux contraintes liées à l'agression d'un ennemi au sein même de l'abri. De ce fait, la plupart des abris de protection civile furent établis dans les caves et les stations de métro les plus profondes.

   En fait, la notion d'abris anti-aérien surgit au cours des bombardements de la Première Guerre Mondiale. A cette période, les Parisiens se réfugiaient dans le moindre recoin du ventre protecteur de la capitale car les autorités n'aivaient pas construit le moindre abris. Avec l'arrivée de la fin de la guerre, les crédits sont mobilisés dans la reconstruction du pays et les préoccupations d'abris anti-aériens sont loins des priorités. C'est seulement durant les années 30, notamment avec la dégradation des relations avec l'Allemagne que les premiers abris anti-aériens voient "le jour" et que les anciennes carrières sont réhabilitées à certains endroits. Cela dit, ces premiers abris anti-aériens seront destinés en priorité aux organes administratifs.

 

Attente de la fin d'alerte en 1942 dans un abri rue Lhomond
(Source : A la découverte des souterrains de Paris d'après un doc. IGC)

 

Origine et organisation de la Défense Passive
Les abris de protection civile
Les abris administratifs
Les abris anti-atomiques