Origine et organisation de la Défense Passive :

          De part sa position stratégique, Paris a, de tout temps, fait l'objet d'attaques. Déjà nos ancêtres les Gaulois avaient édifié un mur d'enceinte autour de la cité, édification reprise, agrandie et améliorée par la suite. Cela dit, les techniques de guerre de l'époque n'imposaient pas aux populations civiles comme aux autorités militaires un enfouissement des infrastructure visant à protéger les hommes et le matériel. Cette problématique s'est imposée avec l'avènement de l'artillerie, puis de l'aviation militaire.

          L'idée de réhabiliter les anciennes carrières de Paris pour la défense passive apparut à la fin de la Première Guerre Mondiale. A l'époque, la Défense Passive consistait alors à se prémunir des risques militaires uniquement (bombardement, invasion). Des demandes émanèrent des instances militaires, sanitaires et civiles auprès du Préfet qui consulta l'Inspection Générale des Carrières. A chaque fois, l'IGC répondit par la négative pour des raisons de place (insuffisance de vides !!), de logisitque (accès et éclairage) et budgétaire (coût des travaux à entreprendre). C'est seulement au début des années 30 que les projets de défense passive refirent surface, notamment avec les incertitudes sur la situation internationale. Les dispositions de la loi du 8 avril 1935, portant organisation des mesures de protection et de sauvegarde de la population civile rend obligatoire pour la première fois la Défense Passive sur l'ensemble du territoire français et en dessine les grandes lignes. La loi du 11 juillet 1938 sur l'organisation générale de la nation en temps de guerre (abrogée par Ordonnance n°2004-1374 du 20 décembre 2004) vient consolider ces mesures. Il s'agissait d'utiliser en priorité les espaces disponibles : stations de métro (essentiellement les lignes 7, 11 et 12), les anciennes carrières et les caves.

          A partir de 1936, trois types d'abris furent mis en place :

Les abris de protection civile destinés à protéger les populations lors des bombardements. Les stations de métro et les caves consituaient l'essentiels de ces abris.
Les abris sanitaires destinés aux hôpitaux et aux postes de secours avancés, principalement situés sous les hôpitaux. La quasi-totalité des hôpitaux parisiens disposent alors de leur abri.
Les abris administratifs destinés à permettre la continuité du service public lors des bombardements et surtout lorsqu'il s'agit de centres névralgiques (distribution d'eau, électricité, communications, états-majors, réseau ferré). Ils se trouvent principalement dans les anciennes carrières et ont souvent été lourdement équipés (poste électrogène, alarme aux gaz, recyclage d'air, eau courrante, sanitaires et parfois même, chauffage !). On comptait à l'aube de la guerre près de 350 abris administratifs.
Aujourd'hui, on compte encore six abris rien que dans le Grand Réseau Sud. Certains d'entre eux sont encore en "activité" (l'abri du Sénat) ou utilisables en cas de besoin (l'abri du boulevard Lefèbvre).

          L'organisation de la Défense Passive jusqu'en 1944 incombait alors aux autorités militaires via le Ministre de la Défense. A partir de cette date, la Défense Passive subira un profond remaniement : aux risques militaires seront ajoutés les risques civils (pollution, catastrophes naturelles) et son organisation sera dorénavant scindée en un volet militaire (toujours sous l'autorité du Ministre de la Défense) et un volet civil, sous l'autorité du Ministre de l'Intérieur. Il faudra attendre l'Ordonnance 59-147 du 7 janvier 1959 pour voir la création de la Direction de la Sécurité Civile (article 17) qui a pour mission d'assurer l'ordre public, de protéger les installations et ressources d'intérêt général, de permettre la sauvegarde des populations et d'affermir la volonté de défense de la nation. Depuis, l'organisation de la Sécurité Civile a largement évolué et si la distinction des responsabilités est claire dans les textes, elle l'est beaucoup moins dans les faits et notamment dans la mise en place des moyens de secours adaptés aux situations de crise.

          Après la Seconde Guerre Mondiale, la plupart des abris en carrière seront abandonnés, à l'exception de celui construit pour Pierre Laval sous la rue des Feuillantines qui servit un temps de prison aux collaborateurs et anciens membres de la milice. Par ailleurs, seules les installations allemandes construites sous les points stratégique de la capitale seront entretenus, à l'image de l'abri de la Préfecture de Police, de celui du Sénat et des abris situés sous les gares parisiennes.

 

Origine et organisation de la Défense Passive
Les abris de protection civile
Les abris administratifs
Les abris anti-atomiques